ONF : quelle valorisation du bois scolyté ?
Les forêts aindinoises sont particulièrement touchées par le scolyte, un petit insecte ravageur qui décime les peuplements d’épicéas, et par la sécheresse qui fragilise les sapins. Les arbres dépérissants doivent donc rapidement être récoltés pour éviter la contamination des bois sains et pour permettre leur commercialisation avant qu’ils ne perdent leur valeur.
Si le volume de sapins dépérissants a baissé par rapport à 2023 grâce à une météo exceptionnellement pluvieuse, celui des épicéas scolytés continue de progresser du fait de la pullulation des scolytes et dépasse le triste record de 2023.
La priorité est donc la vente de bois dépérissant pour assurer une gestion durable de la forêt. L’ONF Ain-Loire-Rhône a adopté deux stratégies pour y parvenir.
Premièrement, la mise en place de ventes de bois à délai court une fois par mois. Déjà 45 ventes de ce type ont eu lieu depuis 2020 ! Leur particularité : les acheteurs ont un délai de 4 à 6 mois maximum pour extraire les arbres des forêts. Ces ventes se substituent de plus en plus aux deux traditionnelles ventes à délai long du printemps et de l’automne. En effet, depuis 2023, le volume d’épicéas et de sapins proposé lors de ces ventes est plus important que celui des ventes du printemps et de l’automne. En 2024, 45 700 m³ ont été vendus en délai court contre 34 500 m³ en délai long.
Deuxièmement, le volume d’arbres dépérissants prévu dans les contrats d’approvisionnement a augmenté. Cela permet de les écouler plus rapidement auprès de clients demandeurs tout en assurant une adaptabilité des coupes selon l’évolution de la situation (remplacer des coupes de bois sains par des bois dépérissants, prioriser l’exploitation de certaines parcelles plus touchées, etc.) « Les contrats d’approvisionnement mis en place avec les communes nous permettent d’éliminer rapidement les bois secs des forêts et ainsi de contribuer à leur préservation ; en tant qu’acteur du territoire, c’est presque une obligation civique » explique Cyril Ducret, propriétaire d’une scierie dans l’Ain. « Il faut qu’on s’adapte à la situation actuelle en apprenant à travailler avec du bois dépérissant » confie Frédéric Blanc, gérant d’une scierie dans la Drôme qui se fournit en bois scolyté des forêts aindinoises.
« Les acheteurs jouent le jeu, il y a une solidarité dans la filière bois. Ils ont compris l’intérêt et la nécessité de valoriser le le bois scolyté, pour eux mais aussi pour la survie de la forêt », explique Jonathan Dion, chef du service bois à l’ONF Ain Loire Rhône.